Pour ceux et celles qui ne connaissent pas encore "Honnis soient-ils" saga familiale se déroulant au 15e siècle en Provence, voici un extrait du tome 1 "Joseph".
"Tremblante de fatigue et de désespoir, j’entrepris de ramasser ce qui tombait à côté des tonneaux, sur la claie, au moyen d’une bêche récupérée derrière la banquette. Respirant par la bouche, le cœur au bord des lèvres, je m’appliquai du mieux possible en priant, secrètement, que cela soit suffisant pour calmer mon mari. Quand ce dernier sortit de la fosse, il hocha la tête devant la propreté relative de sa charrette, monta à l’avant et me montra ma brouette.
— Tu continues avec lui, moi je rentre.
Le soleil haut dans le ciel me confirma qu’il était l’heure du dîner, et le haussement d’épaules désolé de Côme, que rien n’était prévu pour nous. De toute façon, manger avec le goût de pourriture qui stagnait dans ma bouche et l’odeur de mes vêtements n’était vraiment pas ma préoccupation première.
— Laissons passer les heures les plus chaudes, on reprendra après, me dit Côme. Je connais un coin où nous trouverons de l’ombre, de quoi nous restaurer et nous débarbouiller.
Le sourire qu’il me lança sur ces derniers mots s’élargit amplement en me voyant me redresser d’un bond, prête à y courir. Une fois arrivé sur place, Côme entra entièrement dans le bras de la rivière, tout habillé, jusqu’à ne plus laisser dépasser que sa tête, qu’il plongea ensuite à plusieurs reprises.
— Fais-en de même, sinon, à la fin de la journée, tes vêtements seront si roides que tu ne pourras même plus bouger, m’expliqua-t-il.
Cela me décida, et je m’exécutai. Avec la chaleur de cette période des moissons, mes affaires seraient rapidement sèches et mes cheveux que je venais de détacher, également. Côme sortit dès que je mis un pied dans l’eau. Cela me rassura. Quand je revins à mon tour sur la berge, il avait été faire une cueillette dans les vergers avoisinants.
— Avons-nous le droit ? demandai-je, inquiète, mais salivant d’avance face aux olives et aux figues qu’il me tendait.
Côme haussa les épaules et me répondit la bouche pleine :
— Je n’ai pris que celles tombées au sol et n’ai touché aucun arbre, alors…
Il fit un geste du bras, laissant comprendre que, les autres, il s’en moquait. Une fois rassasié, il s’endormit. Je ne pus en faire autant. Ce début de journée avait réveillé en moi mes craintes de mère. Comment imaginer une telle vie pour mes deux adorables bambins, mon Jehan du haut de ces six ans et ma petite Appoline qui commençait juste à dire quelques mots ? Je devais trouver la solution pour les sortir de ce cercle vicieux, cette malédiction familiale."
bientôt un extrait du tome 2 " Côme" :)
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