Chronique de Honnis soient-ils, tome 2, de Patricia le Sausse
Auteur : Patricia le Sausse
Résumé
Est-il
possible d’aimer un homme quand on hait ce qu’il représente ? Comment
peut-on se laisser séduire par un corps quand on connaît la noirceur de
l’âme qui l’habite ? Amélia se maudit de ne penser qu’à Côme. Elle ne
peut adhérer aux excuses que des générations d’exécuteurs ont trouvées
pour justifier leurs actes, et derrière lesquelles Côme se retranche.
Elle est prête à tout pour s’échapper avec ses enfants, quitte à se
détruire.
Mais rien ne va se passer comme elle l’imaginait...
Mon avis
Nous
retrouvons, dans ce second opus, Amélia, quelques années après la mort
de son époux. Elle a maintenant 28 ans. Elle vit désormais avec Fanny et
ses deux enfants, ne voulant pas rester dans la maison des bourreaux.
Elle aurait voulu fuir, partir loin, mais, à sa mort, Joseph a légué à
son jeune fils, Jehann, la charge de bourreau. Il devra donc reprendre
la suite dès qu'il en aura l'âge, formé par Côme. Amélia se révolte
contre cette situation, cherche des solutions mais tout semble jouer
contre elle. De plus, Jehann est prêt à devenir "la main de Dieu", il
veut en faire son métier. Quand vient le moment, Amélia décide de le
suivre dans son ancienne demeure pour le surveiller de près, espérant
influer sur son avenir. Côme, qu'elle n'a pas fréquenté depuis de
nombreuses années, a beaucoup changé, elle va peu à peu se laisser
charmer malgré qui il est. Mais comment accepter la barbarie de ce
métier, l'enrôlement de son fils dans ces actes ? Pour Amélia, tout est
répulsion...
Dans
ce second tome, Amélia a mûri, elle s'est aussi endurcie et est devenue
indépendante. La mort de Joseph l'a libérée de sa prison malgré qu'elle
vive dans l'attente de voir son jeune fils partir lui aussi apprendre
ce métier qu'elle exècre. L'auteur, comme dans le premier tome, nous
décrit une époque où la justice est rendue de façon assez expéditive :
les sentences sont barbares, attendues avec impatience par les
villageois, telles des spectacles. Le style de Patricia Le Sausse est
fluide, rythmé, fort dans les mots qu'elle utilise. On ressent toutes
les émotions des personnages. Elle utilise un vocabulaire mêlant patois
et mots anciens (merci le lexique !!) qui permet de découvrir d'autres
expressions du Sud. On entendrait presque les cigales ! On voit qu'elle
s'est documentée longuement pour écrire son livre, elle parle de
l'histoire des monuments, de la construction de certains endroits...
On
retrouve les personnages du premier tome : Rose a vieilli, mais elle
est toujours celle qui écoute, comprend, aide l'air de rien. Fanny,
c'est l'amie précieuse, celle qui est toujours présente à tous moments.
Elle travaille avec Amélia dans la fabrication de simples et s'occupe de
la fille de cette dernière quand elle repart vivre dans la maison de
Rose. Côme se dévoile un peu plus dans ce second tome. Il devient l'un
des personnages principaux. C'est lui qui forme Jehann à son nouveau
métier, on le découvre tantôt sombre, tantôt gai. C'est un homme qui a
beaucoup souffert par le passé. Amélia va lui permettre de s'ouvrir
plus, de s'épanouir, en tout cas dans les premiers temps. Amélia déteste
tellement ce que sont obligés de faire les bourreaux qu'elle a du mal à
faire la part des choses. Difficile pour elle de concilier amour et
travail, pourtant bourrelle elle est devenue en épousant Joseph,
bourrelle elle restera jusqu'à sa mort. Jehann a grandi et commence son
apprentissage de bourreau. Pour lui, c'est une fierté. Tout l'oppose à
sa mère à qui il a caché ses visites à Côme depuis de nombreuses années.
Sa sœur, elle, vit difficilement aussi ce métier et va choisir un
destin bien différent.
Ce
second tome est riche en événements, je n'ai pas vu le temps passer, il
y a de la romance certes mais ce livre comblera également les amateurs
de romans historiques. La fin m'a surprise et je suis impatiente de
connaître la suite !! Vivement le dernier tome. Merci aux Editions
Elixyria pour ce service presse.
Bonjour,
RépondreSupprimerJe vous remercie pour ce livre où on suit une femme qui se pose des questions sur le bien et le mal, sur le sens de ces actes et ceux des membres de sa famille. Il ressemble assez à ma conception d'un journal intime car la narratrice se concentre sur certaines périodes et problématiques et passe sur d'autres. J'ai trouvé qu'elle survolait le sujet de sa vie avec son premier mari, qu'elle ne s'étalait pas sur son traumatisme par exemple.
Merci de m'avoir fait découvrir autant de richesses sur un sujet auquel je ne m'étais jamais intéressé : le métier de bourreau.
J'attends avec impatience la suite.
Kirilov
Bonjour, Merci beaucoup pour ce retour. J'ai effectivement pris le parti de ne pas lui faire repenser à ses problèmes avec son premier mari, car elle en a déjà suffisamment dans le présent de ce deuxième tome. Il faut considérer qu'à la fin du premier tome une page se tourne, un rideau tombe sur cette partie de sa vie. Elle ne reprend son récit que quelques années plus tard pour raconter une autre période problématique pour elle.
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