Publié le 2 septembre 2016 par Walkyrie
Quatrième de
couverture : Basile n’a pas choisi la vie d’exclu qu’il vit à cause du métier de son
père, bourreau dans le comté de Provence en cette année 1268. Il n’a pas voulu
non plus devenir son apprenti. Quand il découvre qu’il possède le don de
ressentir les émotions des gens qui l’entourent, de se les approprier et de les
retourner contre ceux qui le méprisent, tout bascule.
Accusé de sorcellerie, poursuivi par un inquisiteur, agressé par des sentiments qui ne lui appartiennent pas, il doit fuir pour retrouver son clan. Tant qu’il n’aura pas réussi à maîtriser cette puissante empathie, il sera menacé.
À moins qu’il ne décide de l’exploiter pour dominer les autres en manipulant leurs émotions…
Accusé de sorcellerie, poursuivi par un inquisiteur, agressé par des sentiments qui ne lui appartiennent pas, il doit fuir pour retrouver son clan. Tant qu’il n’aura pas réussi à maîtriser cette puissante empathie, il sera menacé.
À moins qu’il ne décide de l’exploiter pour dominer les autres en manipulant leurs émotions…
— Chronique —
Le Jarwal est un roman de fantasy
assez original traitant de la maîtrise des émotions sur fond de vie moyenâgeuse
avec ses bourreaux, ses seigneurs et ses paysages provençaux. Un véritable
voyage dans le temps pour le lecteur avec une touche de surnaturel suffisamment
subtil pour ne pas encombrer l’ensemble de l’intrigue. Un roman intéressant,
bien écrit, justement amené, le seul reproche sera l’attitude parfois immature
du héros dans certaines situations.
Basile est un jeune homme seul
vivant isolement avec son père et sa mère, fils de bourreau et nouvel apprenti
de celui-ci, il est rejeté par les autres habitants du village à cause du
métier de son paternel et de ce qu’il représente : un exécuteur, un tueur.
Depuis quelques années, Basile ressent des choses, de drôles d’émotions émanant
des autres, il décide pourtant de ne rien dire, ayant trop peur qu’on le
catalogue de sorcier et à son époque la sorcellerie est punie de mort.
Pourtant, lors d’une exécution où il y assiste en tant qu’apprenti,
quelque chose tourne mal, Basile ne contrôle pas le flot d’émotions ressenti
par la victime et chose étrange, les habitants commencent à se battre entre
eux, mais rapidement le calme revient et les habitants voit l’œil du démon dans
cette subite bagarre. La famille du bourreau est menacée et Basile se retrouve
seul à affronter la chasse de l’inquisiteur dont il n’est autre que la proie.
Le roman tourne essentiellement
autour du personnage de Basile et d’un autre qui l’accompagne dans son périple
pour sauver sa peau et retrouver la famille de sa mère. Basile est un
personnage assez fort, tenace mais aussi fragile et parfois même immature. Un
personnage complètement perdu par ce qu’il ressent, son empathie qu’il peine à
maîtriser et l’évolution du personnage de ce côté là est relativement
passionnante à suivre. Jusqu’à la fin on ne sait pas s’il prendra la bonne
décision ; se laisser déborder ou contrôler ce raz de marré de sentiments. S’il
y a un reproche à faire à ce personnage, c’est son côté un peu
« Caliméro » ou « personne ne m’aime alors je fuis »,
évidemment que l’on comprend son mal être, lynché toute sa vie sous les
brimades des villageois, rejeté par tous, difficile d’avoir confiance en soi
dans ces cas là, mais c’était parfois un peu excessif et surtout redondant dans
le récit. Basile est presque un homme et plus un enfant, on attend donc un
minimum de maturité dans ses réactions. Heureusement, le personnage va évoluer,
plus particulièrement sur la fin du roman, notamment grâce à ce personnage
mystère qui l’accompagne nettement plus terre à terre, plus sarcastique et
vindicatif aussi, un contraste intéressant entre les deux qui vont évoluer l’un
avec l’autre.
Basile croisera d’autres
personnages, notamment celui d’Amauri, un gamin très attachant, fouineur et
bien trop téméraire pour son âge, il apporte une grande touche d’humour à cette
histoire quelque peu dramatique. Ensuite, il y a Gauvin et Héloïse, les parents
très aimants de Basile, Clotaire, un parent qui pourrait bien l’aider dans sa
quête de lui-même, et bien d’autres encore, des rencontres dont il se méfiera
toujours au premier abord, Basile ayant du mal dans les échanges avec les
autres et ayant beaucoup de mal à faire confiance aussi.
Il y aussi dans ce
roman une ambiance bien particulière, très intimiste finalement. On est plutôt
dans quelque chose de lent, de psychologique et assez peu dans l’action, dans
la vivacité des événements, même s’il y a des moments plus intenses que
d’autres. Dans l’ensemble, le roman s’apprécie en prenant son temps et l’aspect
psychologique est intéressant et très intelligemment traité. On s’immerge dans
ce roman, dans l’empathie, la faculté propre du personnage de Basile, une
espèce de pouvoir à double tranchant, difficile à gérer quand on est encore un
jeune homme si peu expérimenté de la vie, et tellement tentant d’en usé pour
obtenir le contrôle, le pouvoir, le respect des autres, asservir tout ceux qui
ont pu vous nuire. Il y a une espèce de balancement entre les deux, Basile est
au centre, tiraillé entre sa colère, son amertume et sa solitude d’un côté, et
son besoin d’être aimé pour lui, d’être apprécier, utile de l’autre. Faire le
mal ? Faire le bien ? Difficile de faire la part des choses quand on a la
faculté de ressentir les émotions des autres, et de découvrir qu’on peut les
manipuler pour les alléger comme pour les faire souffrir. Un aspect vraiment
très enrichissant du roman qui pousse peut-être une réflexion plus profonde,
sur la quête de soi d’une part, s’accepter, apprendre à se contrôler, à gérer
ses sentiments, sur la tolérance vis à vis des autres aussi, doit-on abuser de
quelque chose qui nous rendrait supérieur aux autres au détriment de leur bien
être ? Ou au contraire, doit-on l’utiliser avec parcimonie pour soulager et
aider son prochain ?
Le roman est plein d’idées et
d’originalité et relativement riche pour un roman jeunesse. Il y a une certaine
maturité, loin de l’innocence enfantine, bien que le personnage d’Amauri vienne
le rappeler de temps en temps, le personnage de Basile se retrouve bien vite
propulsé dans une chasse à l’homme qui le dépasse.
L’auteure a aussi effectué un
travail dans le vocabulaire et les descriptions de l’époque et des paysages, on
a l’impression d’y être, et elle su parfaitement intégrer du vocabulaire
de l’époque, nous l’expliquer subtilement, enrichissant d’avantage son texte
plutôt que de nous perdre dans des termes très particuliers qui ne sont plus
utilisés aujourd’hui. Un vrai travail et un vrai effort d’écriture à saluer.
Le roman porte aussi une jolie
couverture, l’éditeur encore une fois a fait un choix judicieux en publiant ce
roman qui joue la carte de l’originalité, de la nouveauté et d’une
ambiance un peu sombre et dur, caractéristique de la ligne éditoriale des
éditions du Riez.
En bref, un roman fantasy qui se
lit vraiment bien, qui nous imprègne d’une autre époque et nous baigne dans
d’anciens paysages, qui nous fait ressentir un panel d’émotions positif comme
négatif et une intrigue rondement menée avec son lot de révélations et de
surprises, un ensemble donc très bien construit, il y a juste ce personnage
principal qui m’aura un peu fait grincé des dents et auquel je ne me serai
finalement assez peu attaché au profit des autres plus charismatiques à mon
sens. Un nouveau roman des éditions du Riez à découvrir !
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